L’usurpartisme, c’est l’art de devenir artiste malgré soi, ou plutôt à cause des autres.
C’est presque une philosophie de vie, un art de créer sans effort, comme on respire, un art subtilement révolutionnaire mais qui n’a rien à voir avec la prétention ou l’orgueil. Ce n’est ni une révolte ni une quête.
C’est celui qui, sans y prêter attention, a transformé sa chambre en atelier, son salon en galerie, et sa vie en œuvre d’art, tout ça sans jamais s’en rendre compte.
Usurpartiste ce n’est pas une vocation, c’est une désignation du monde extérieur.
C’est être un artiste malgré soi, parce qu’on ne l’a jamais voulu, mais on y est quand même arrivé, souvent par accident, on vous voit « talentueux » alors que tout ce qui compte pour vous, c’est bricoler tranquillement dans votre coin.
C’est se retrouver au centre d’une œuvre sans l’avoir voulu, ou sans même savoir qu’on l’avait commencée.
Chaque expression « créative » qui lui traverse l’esprit devient une œuvre majeure, en un éclair, avec une aisance déconcertante. C’est un peu comme si Lafroudj était une extension naturelle de l’être, un univers de plaisanteries qui, sous des airs décalés, cache une profondeur infinie.
Et on se laisse catapulter dans le rôle de l’artiste, dans cette douce imposture, entre l’envie de protester et le plaisir coupable de voir les gens rire, réfléchir ou s’extasier devant vos créations.
L’usurpartiste est celui qui, sans aucune prétention, se retrouve à fabriquer de l’art sans  que ce soit du tout son intention 
C’est un art qui se fait sans faire, un art qui ne se voit pas comme tel, mais qui est là, tout de même, comme une évidence incongrue.
Et voilà, un jour, quelqu’un dit « C’est génial, c’est de l’art ! » et paf, vous êtes fiché.
L’usurpartisme n’est pas une revendication, c’est une capitulation élégante.
Accepter son « titre » avec un sourire en coin,tout en se demandant à quel moment on  découvrira l’imposteur et non le génie méconnu, le simple bricoleur chanceux qui a su exploiter l’ironie du système.
Il ne s’agit pas de faire croire que l’on est un artiste, mais plutôt de se déguiser en artiste sans se fatiguer à l’être vraiment.
Si vous n’avez pas encore compris, c’est tout simplement parce que vous n’êtes pas prêts à toucher du doigt la vérité toute nue, simple et sans prétention de l’art usurpé. Mais ne vous inquiétez pas, un jour, vous comprendrez.